J'ai reçu il y a peu une missive fort intéressante de mon amie le Professeur Sandjou de la Sylvette. Je la reproduis ici pour que tous les gueux s'attellent à sa lecture, et participent ainsi à ma gloire.
lundi 10 novembre 2008
Vénus de la Très Mouille
J'ai reçu il y a peu une missive fort intéressante de mon amie le Professeur Sandjou de la Sylvette. Je la reproduis ici pour que tous les gueux s'attellent à sa lecture, et participent ainsi à ma gloire.
dimanche 9 novembre 2008
L'adoubement, ou comment l'on devient chevalier
Je n’ai pas couché de mémoires en ces lieux depuis bien longtemps. Bien qu’irrémédiablement versé dans le passé, infiniment plus glorieux que nos époques décadentes, je connais parfois quelque sursaut de vie qui m’illusionne momentanément. Et c’est toujours avec une force implacable que ces espoirs découvrent la vanité qui les anime. Alors je reprends inlassablement le chemin de mon destin, dont le sens est inverse au temps qui coule ; je me rapproche peu à peu, sans jamais y parvenir, de ces moments éteints dont la grandeur et la pureté nous illuminent encore. Mon existence s’étiole, elle ne se déploie que dans le mythe.
Je me suis il y a peu rendu dans mes terres berrichonnes, accompagné par Madame la Duchesse et une de nos amies les plus exquises, Madame la Marquise de Sarabentshire. Objet de tous les désirs de notre couple méphistophélique, elle est la seule proie que nous n’avons jamais conquise. Telle Diane, vierge insoumise, elle présente ses appas sans oncques les offrir. Et à n’en pas douter, quiconque tenterait de la surprendre pour mieux la saisir, se verrait, tel un Actéon, métamorphosé en cerf prêt à être dévoré par ses chiens, par la magie de quelques gouttes d’eau.
Je ne puis le supporter. Mon voyage libertin ne peut connaître de limites. Ma débauche incessante est une ascèse mystique qui doit me conduire à la fin de toute souffrance. Je ne peux rester ainsi entravé. Après tout, qu’est-ce que la vertu ? La sévérité des femmes est un ajustement et un fard qu’elles ajoutent à leur beauté. Et ce sont les hommes qui veulent que les femmes soient vertueuses. C’est un raffinement de goût chez eux de devoir à leurs séductions l’anéantissement d’une chose qui leur a tant coûté à établir dans leur âme, et qui, de surcroît, leur sied bien.
Quelle ne fut pas ma surprise, sitôt muée en rage, quand je vis cette farouche beauté se laisser aller aux charmes d’un simple palefrenier, au fond d’une de mes étables, au milieu de mes immenses domaines ! Plongée au cœur de moi-même et de ma puissance, elle se donnait à un autre ! Et pourtant, dès que je la revis le soir même, sa candeur et son rire perlé me pétrifièrent, je fus comme charmé, incapable de perpétrer la vengeance que j’avais imaginée. Son amant allait donc payer pour son forfait.
Je fis mander ce pauvre diable. Est-il besoin de préciser qu’il se prénommait Guillaumin, n’ayant que faire de son être et de tout ce qui pourrait lui donner une quelconque individualité ? Quand il parut dans mes appartements, dans ses hardes crottées, le visage fermé par la peur, la tête hagarde, je me demandai si une telle chose pouvait véritablement exister, et prétendre au nom d’homme. Puis il releva doucement sa tête, osant à peine soutenir mon regard ; mais en ces quelques instants furtifs, où nos yeux se rencontrèrent, je fus ravi par sa sauvage beauté. Il approcha, à pas feutrés, craintifs, respectueux, et je me consumai de désir. Je découvris une de ses épaules, faisant ainsi glisser ce qui lui servait de chemise, et fit apparaître un corps qu’il me tardait d’étreindre.
Une telle beauté ne pouvait demeurer dans sa condition : quels plaisirs pourrait-il nous donner, une fois lavé de sa basse origine, gravitant par ses agrémens entre gens de biens et de plaisirs ! Je saisis mon épée, la portai à l’endroit opportun, et il la reçut avec grâce. Satisfait de sa soumission, je la retirai après quelque temps, et prestement lui apportai la sainte onction. Je vis par quelque signe qu’heureux de ce nouvel état, il méritait d’être élevé à une scène plus haute et plus noble. L’adoubement achevé, je le fis donc Chevalier d’Allix, l’attachant alors au service de la Marquise.
Par là j’espérais pouvoir accéder à l’amour de cette dernière, sans me douter que ma perfide épouse avait cherché, et réussi, à me devancer dans cette entreprise. Il y a de bons mariages, mais il n’y en a point de délicieux.
Je me suis il y a peu rendu dans mes terres berrichonnes, accompagné par Madame la Duchesse et une de nos amies les plus exquises, Madame la Marquise de Sarabentshire. Objet de tous les désirs de notre couple méphistophélique, elle est la seule proie que nous n’avons jamais conquise. Telle Diane, vierge insoumise, elle présente ses appas sans oncques les offrir. Et à n’en pas douter, quiconque tenterait de la surprendre pour mieux la saisir, se verrait, tel un Actéon, métamorphosé en cerf prêt à être dévoré par ses chiens, par la magie de quelques gouttes d’eau.
Je ne puis le supporter. Mon voyage libertin ne peut connaître de limites. Ma débauche incessante est une ascèse mystique qui doit me conduire à la fin de toute souffrance. Je ne peux rester ainsi entravé. Après tout, qu’est-ce que la vertu ? La sévérité des femmes est un ajustement et un fard qu’elles ajoutent à leur beauté. Et ce sont les hommes qui veulent que les femmes soient vertueuses. C’est un raffinement de goût chez eux de devoir à leurs séductions l’anéantissement d’une chose qui leur a tant coûté à établir dans leur âme, et qui, de surcroît, leur sied bien.
Quelle ne fut pas ma surprise, sitôt muée en rage, quand je vis cette farouche beauté se laisser aller aux charmes d’un simple palefrenier, au fond d’une de mes étables, au milieu de mes immenses domaines ! Plongée au cœur de moi-même et de ma puissance, elle se donnait à un autre ! Et pourtant, dès que je la revis le soir même, sa candeur et son rire perlé me pétrifièrent, je fus comme charmé, incapable de perpétrer la vengeance que j’avais imaginée. Son amant allait donc payer pour son forfait.
Je fis mander ce pauvre diable. Est-il besoin de préciser qu’il se prénommait Guillaumin, n’ayant que faire de son être et de tout ce qui pourrait lui donner une quelconque individualité ? Quand il parut dans mes appartements, dans ses hardes crottées, le visage fermé par la peur, la tête hagarde, je me demandai si une telle chose pouvait véritablement exister, et prétendre au nom d’homme. Puis il releva doucement sa tête, osant à peine soutenir mon regard ; mais en ces quelques instants furtifs, où nos yeux se rencontrèrent, je fus ravi par sa sauvage beauté. Il approcha, à pas feutrés, craintifs, respectueux, et je me consumai de désir. Je découvris une de ses épaules, faisant ainsi glisser ce qui lui servait de chemise, et fit apparaître un corps qu’il me tardait d’étreindre.
Une telle beauté ne pouvait demeurer dans sa condition : quels plaisirs pourrait-il nous donner, une fois lavé de sa basse origine, gravitant par ses agrémens entre gens de biens et de plaisirs ! Je saisis mon épée, la portai à l’endroit opportun, et il la reçut avec grâce. Satisfait de sa soumission, je la retirai après quelque temps, et prestement lui apportai la sainte onction. Je vis par quelque signe qu’heureux de ce nouvel état, il méritait d’être élevé à une scène plus haute et plus noble. L’adoubement achevé, je le fis donc Chevalier d’Allix, l’attachant alors au service de la Marquise.
Par là j’espérais pouvoir accéder à l’amour de cette dernière, sans me douter que ma perfide épouse avait cherché, et réussi, à me devancer dans cette entreprise. Il y a de bons mariages, mais il n’y en a point de délicieux.
mercredi 15 octobre 2008
La poudre aux yeux, ou l'ultime faveur.
La gloire de mon nom se confond avec son passé. Je jette mon regard par-dessus les siècles, et j'y vois la lente agonie d'un sang héroïque. Je sais que je suis une fin de race. Je ne fuis pas mon destin : je me plonge dans la décadence et révère avec mélancolie les honneurs éteints. Désormais les gueux m'entourent, se pressent contre moi, mêlent leur souffle au mien : qui peut encore dire ce qui me sépare d'eux ? A force de les côtoyer, je leur ressemble. Ma vanité s'étouffe.
Je charrie le poids des siècles passés. Ils se rappellent à moi de toutes les manières. Ils me troublent et dévient mes actes.
J'ai reçu hier soir une jeune amie italienne, Angela, Marquise de Castel Gandolfo. La finesse de sa taille, la blancheur de sa gorge, l'exquis rose de ses joues, tout cela allié à une parure de la plus grande magnificence, ont promptement fait de moi son humble serviteur. Les Italiennes ont du tempérament, loin de la rigueur et sévérité des Françaises, que j'ai maintes fois éprouvées, et portent en elles une puissance qui leur fait emplir l'espace d'un seul coup d'oeil. Lorsqu'elle parut, il n'y eut plus qu'elle, et pour la saisir, il ne pouvait y avoir que moi. Le regard méditerranéen fait en effet croire à chaque homme qu'il en est l'objet. Cette illusion ne m'a pas épargné.
Fort heureusement, elle ne fut guère farouche, et l'entreprendre fut assez aisé. Ma auguste mine n'y fut sans doute pas pour rien, tout comme mon habillement, qui ne faisait mentir aucune partie de mon corps. D'une force incomparable quelques instants au paravant, dans mes bras elle ne fut plus que douceur et lascivité. Je l'amenai dans quelque alcôve de mes appartements et commençai à la déshabiller savamment. Je vis paraître son cou, puis surgit sa nuque, ensuite se déploya un dos semblable à l'albâtre, enfin elle ne me refusa pas la vue de son séant.
Et là, les siècles m'engloutirent.
Seul le XVIIIè a su envelopper la femme d'une atmosphère vicieuse, contournant les meubles sous la forme de ses charmes, imitant les contractions de ses plaisirs, les volutes de ses spasmes, avec les ondulations, les tortillements du bois et du cuivre, épiçant la langueur sucrée de la blonde, par son décor vif et clair, atténuant le goût salé de la brune, par des tapisseries aux tons douceâtres, aqueux, presque insipides. Et surtout, seul ce siècle a déclaré l'identité entre la joue et la croupe ; il les a fait toutes deux roses, au milieu de la blanche douceur. On poudre demi-lunes et pommettes.

Face à cette découverte, qui une nouvelle fois me faisait traverser les âges, me rappelant l'immense fortune amoureuse de ma noble famille, je restai un instant interdit. Puis je décidai de prendre mon plaisir comme je l'avais entendu.
Je battis des paupières. Je clignai des yeux.
Ce plaisir délicieux, cette faveur ultime, laquelle elle est, tu l'auras sans peine deviné, ô lecteur, hypocrite lecteur...
Je charrie le poids des siècles passés. Ils se rappellent à moi de toutes les manières. Ils me troublent et dévient mes actes.
J'ai reçu hier soir une jeune amie italienne, Angela, Marquise de Castel Gandolfo. La finesse de sa taille, la blancheur de sa gorge, l'exquis rose de ses joues, tout cela allié à une parure de la plus grande magnificence, ont promptement fait de moi son humble serviteur. Les Italiennes ont du tempérament, loin de la rigueur et sévérité des Françaises, que j'ai maintes fois éprouvées, et portent en elles une puissance qui leur fait emplir l'espace d'un seul coup d'oeil. Lorsqu'elle parut, il n'y eut plus qu'elle, et pour la saisir, il ne pouvait y avoir que moi. Le regard méditerranéen fait en effet croire à chaque homme qu'il en est l'objet. Cette illusion ne m'a pas épargné.
Fort heureusement, elle ne fut guère farouche, et l'entreprendre fut assez aisé. Ma auguste mine n'y fut sans doute pas pour rien, tout comme mon habillement, qui ne faisait mentir aucune partie de mon corps. D'une force incomparable quelques instants au paravant, dans mes bras elle ne fut plus que douceur et lascivité. Je l'amenai dans quelque alcôve de mes appartements et commençai à la déshabiller savamment. Je vis paraître son cou, puis surgit sa nuque, ensuite se déploya un dos semblable à l'albâtre, enfin elle ne me refusa pas la vue de son séant.
Et là, les siècles m'engloutirent.
Seul le XVIIIè a su envelopper la femme d'une atmosphère vicieuse, contournant les meubles sous la forme de ses charmes, imitant les contractions de ses plaisirs, les volutes de ses spasmes, avec les ondulations, les tortillements du bois et du cuivre, épiçant la langueur sucrée de la blonde, par son décor vif et clair, atténuant le goût salé de la brune, par des tapisseries aux tons douceâtres, aqueux, presque insipides. Et surtout, seul ce siècle a déclaré l'identité entre la joue et la croupe ; il les a fait toutes deux roses, au milieu de la blanche douceur. On poudre demi-lunes et pommettes.
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Face à cette découverte, qui une nouvelle fois me faisait traverser les âges, me rappelant l'immense fortune amoureuse de ma noble famille, je restai un instant interdit. Puis je décidai de prendre mon plaisir comme je l'avais entendu.
Je battis des paupières. Je clignai des yeux.
Ce plaisir délicieux, cette faveur ultime, laquelle elle est, tu l'auras sans peine deviné, ô lecteur, hypocrite lecteur...
lundi 6 octobre 2008
Où l'on comprendra pourquoi je passe mes nuits dans des bouges
Cela commença dès les premières nuits de notre union. Tôt après notre rencontre où, séduite par son port altier, enthousiasmée par la magnificience de son attelage et transportée par sa vigueur physique, je me résolus aussitôt à faire miens son nom et son lit, je m'offrai à Donatien en tous sens, lui faisant apercevoir des plaisirs nouveaux, scandaleux, délicieux. Eperdu de jouissance mais fort peu reconnaissant, il ne pensa plus qu'à se mettre en quête de corps mieux armés.
L'ingrat ! Ma gorge ni ma moniche ne lui suffisaient plus. Donatien me délaissait et bien vite, je craignis que la jeune Duchesse de la Trémoille ne s'assèche. Cessant d'être fidèle au lit conjugal, mais redoutant de quitter la demeure, j'entamai alors une exploration minutieuse des qualités de nos domestiques qui me mena droit dans les jupes d'Elsa, soubrette farouche, mais dont la croupe n'avait rien à envier à nos meilleures juments. Il n'en fallu pas plus pour que naissent en moi d'inavouables desseins que je ne tardai pas à réaliser.
vendredi 3 octobre 2008
Prendre femme. Où l'on voit l'union entre l'être et le signifiant.
Je suis un piètre auteur. Aucune chose de ce monde ne m'est inconnue, j'ai plus de savoir qu'on n'en a oncques imaginé. Et pourtant, je n'en puis rien faire. Les connexions entre les choses m'échappent. Je ne puis lier l'une à l'autre ; un flux d'idées et de mots traverse mon esprit sans qu'il puisse les ordonner. Aussi dois-je à l'avance récuser toute vanité et avouer que le récit de mes actes sera à l'image de mon intelligence. Nul temps, nulle chronologie, il n'y aura que des instants.
Je sais qu'il tarde au lecteur de connaître ma femme, la Duchesse de la Trémoille. Je ne sais dans quel bouge immonde elle erre ces jours-ci. Ne pouvant supporter la voir faillir plus longtemps à son devoir, je vais m'en acquitter à sa place. Sans doute le regrettera-t-elle.
Parvenu à l'âge de vingt ans, il m'a fallu chercher femme. Mon père était en effet vieillissant et ma mère ne pouvait lui survivre sans être entourée d'une nouvelle famille. J'avais déjà maintes fois goûté la chair féminine, et je l'adorais. Jamais repu de ces tendres extases, il fallait que je trouvasse femme digne de contenter mes ardeurs insoumises.
L'on me parla de trois jeunes filles, de naissances inégales mais toutes pleines de charmes exquis, qui pourraient convenir à mes exigences impérieuses. L'on n'achète pas un pâté sans connaître son goût, et ainsi devrait-il en être pour les femmes. Il me plut donc de les goûter chacune avant de me prononcer.
La première s'appelait Marguerite, de naissance un peu basse mais tout de même acceptable. Son père était comte, et riche au demeurant. Je lui rendis visite un soir chez ses parents, à l'occasion d'un dîner. Placé à table à côté d'elle, comme un éventuel gendre qu'il faut chérir, je pus me livrer à une inspection presque totale. La cuisse était bien rose, tendre, et la motte délicieusement taillée. Seulement il apparut que cette demoiselle, que j'aimais déjà à l'excès, fut particulièrement farouche lorsque le tour de ses seins fut venu. Peut-être était-ce dû à la proximité de ces reliefs avec les regards des conviés. Outré que l'on puisse me refuser l'accès à de telles merveilles (car elle était vêtue de manière à promettre beaucoup), je considérai cette jeune fille indigne de moi.
La seconde se prénommait Camille. Sa naissance était des plus hautes. Qu'on en juge : son père était duc, bien que d'un rang dans la préséance tout à fait inférieur au mien. Je tâchai d'en obtenir un rendez-vous secret, et un des mes valets, Aulne du Bourdon, emporta bien vite l'affaire, tant la renommée de ma beauté était grande. Cette jeune fille se rendit donc dans mes appartements, par une porte dérobée dont seul mon valet, outre moi-même, connaissait l'existence. Je fus quelque peu choqué lorsque je vis l'apparence de Camille. Elle était fort grande, elle avait les épaules fort larges pour une femme, enfin l'on aurait pu souhaiter qu'elle eût des traits plus fins eu égard à sa naissance. Allant droit au but, objet de mes désirs, je fus prompt à découvrir son secret. Ce n'était point femme que j'avais devant moi, mais homme qu'on avait grimé pour faire croire à une femme. Sans doute ses parents ne souhaitaient pas qu'il existât de cadet dans leur famille, aussi avaient-ils fait disparaître son sexe avec cette supercherie. Quelque peu surpris, mais non pas dégoûté, je décidai de ne pas gâcher un bonheur auquel je m'étais préparé. Mon plaisir une fois satisfait, il fallut bien penser à mon devoir, et me séparer de Camille qui manifestement ne pourrait jamais donner naissance à un petit duc.
La troisième, Justine, était issue d'une maison autrefois illustre, mais si dispendieuse par le passé qu'elle était désormais traînée dans la boue. Je la rencontrai au Bois de Vincennes, où je m'étais rendu avec le plus beau de mes attelages. Elle était délicieuse, d'une taille parfaite, avec des cheveux blonds d'une douceur infinie, de petits yeux où éclatait le désir, et surtout une gorge splendide. Elle monta sans pudeur dans mon attelage et enleva sa robe avec une célérité telle que j'avais à peine eu le temps de me découvrir moi-même. Par trois fois je lui rendis hommage, sans qu'elle soit fâchée d'une telle ardeur. Sa matrice fut d'une tempérance extrême, et elle ne me repoussa pas sèchement ainsi qu'il m'était toujours arrivé dans ma jeunesse, parvenu au-delà du seuil du second plaisir. Je sus donc qu'elle était digne de devenir ma femme et d'appartenir à la maison de la Trémoille, autrefois dit Trimouille, c'est-à-dire, qui trois fois mouille.
mercredi 1 octobre 2008
Courte histoire de ma vie, pour servir à l'instruction des masses
Je suis né dans la nuit du 10 au 11 octobre 1984, de mon père, Claude, duc de la Trémoille et pair de France, et de ma mère, Charlotte de L'Aubespine, unique de ce lit. La nuit était froide et l'accueil du monde ne le fut pas moins. Le visage convulsé de ma mère, l'air compassé de mon père m'ont fait aussitôt comprendre que ma petite enfance ne serait pas uniquement faite de joies et de douceurs.
Je grandis tel qu'on me l'ordonna jusqu'à mes quinze ans. Mon précepteur était un homme d'une grande érudition mais d'une intelligence un peu terne. Aussi dus-je pour lui plaire entreprendre de lui ressembler. Je lus tous les livres et ma chair était triste. Brusquement cela changea, comme si les démons s'étaient ligués pour faire mentir mon destin annoncé.
Ce que je vais dire est bien peu catholique, et il y a encore dix ans, jamais telle parole n'aurait échappé de ma bouche. Mais cette personne n'est plus. Désormais je ne crains pas d'affirmer que ces démons, en me pervertissant à tout jamais, me libérèrent des carcans qu'on avait pieusement tâché de lier autour de mon âme.
Les livres que j'avais lus, parfois en cachette, par quelque instinct précoce du sexe, furent le substrat de ma libération. Toute cette imagination contenue, une fois délivrée, me livra dans la débauche la plus totale.
C'est cette transformation, dont on verra les suites, que j'entreprends de conter ici.
S'il est permis d'amuser les gueux
Depuis longtemps nous sommes arrivés à Paris où grésillait autour de nous la poêle des amours scandaleux.
Nous nous sommes rués dans l'amour. Nous avons voulu être proies.
Si nous faisons l'effort de nous rappeler les horreurs par lesquelles nous sommes passés, et la corruption physique de nos âmes, ce n'est pas parce que nous les aimons, mais parce que nous t'aimons, ô humanité.
Il nous semble que c'est rendre un service aux moeurs que de dévoiler les moyens qu'emploient ceux qui en ont de mauvaises, pour corrompre ceux qui en ont de bonnes.
Puissent nos mémoires édifier vos âmes.
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J’ai le plaisir de vous informer de l’existence d’une sculpture de la plus haute importance scientifique et artistique, découverte lors de fouilles récentes effectuées sur la commune de Montsalvy, située à cheval sur les départements du Cher et du Doubs.
En effet, lors d’une récente campagne géologique, menée pour comprendre le mécanisme encore aujourd’hui inexpliqué des flux et jets d’une source locale, l’équipe de géologues a exhumé, à proximité des ruines d’un édicule orné d’un étrange blason, une sculpture en bronze ancien, d’excellente facture et en bon état de conservation.
La Faculté ayant été saisie de cette découverte, j’ai été mandaté pour diriger les travaux de dégagement et d’étude de ce trésor archéologique, qui fait actuellement l’objet de plusieurs thèses de mes étudiants.
Cette sculpture, modelée avec art par une main anonyme, figure une nymphe, comme en atteste l’attribut : la poudrette, et l’attitude typique des figures féminines de cette époque. La déesse, fortement callipyge, se tient debout, et légèrement fléchie sur ses jambes, elle se tourne en une gracieuse torsion, pour colorer à l’aide d’une houppette chargée de poudre, les forts volumes du bas de son dos. Les travaux récents du Pr Brodi ont confirmé que cette pratique rituelle était usuellement pratiquée dans les colonies de naïades arboricoles et dryades aquatiques qui ont peuplé la région pendant toute la période de la préhistoire. Cependant la sculpture leur est largement postérieure, et, comme le style et la facture le suggèrent, pourrait dater de l’époque byzantine de la grande conquête, lorsqu’une bande de virils guerriers, probablement numides, fit main basse sur les fiefs des Seigneurs de Montsalvy, et y fondèrent leur dynastie.
Notre thèse est confortée par la légende locale qui rapporte que les envahisseurs sans nom, leur forfait accompli, ayant été s’abreuver à la source, et sacrifier aux mânes de la déesse dont ils pratiquaient le culte, y furent victimes d’un de ces jets subits et de fort débit, caractéristique de cette source, et dus a une particularité géologique locale, dont on cherche encore à déterminer les mécanismes.
Le fait est que, d’après l’histoire, le chef de cette tribu d’envahisseurs, adepte du culte d’Aphrodite, fut trempé de la tête aux pieds, et s’écria en langue franche qu’il maîtrisait encore mal : "Vénus, ô Vénus ! toi me très mouille !". A ce mot la source émit un jet si puissant que toute la horde fut aspergée. Ce hasard de circonstance fut considéré comme la marque d’un signe divin, et la horde décida de l’érection, sur le site même de la source, d’un temple consacré à leur déesse : la Vénus dite de Très Mouille, et d’en prendre le nom.